Les grands crûs engloutis, la poésie aidant et les grands maîtres nous apportant leur science…
voici quelques instants damnés de soirées à la cave…

(sur l’air du fossoyeur de Georges Brassens)

 

Dieu sait qu’je n’ai pas le fond méchant

Je ne souhait’ jamais la cuite des gens

Mais si l’on ne buvait plus

J’crèv’rais de faim dans mon barlu

 

J’suis un pauvre assoifeur

 

Les buvants croient qu’je n’ai pas d’remords

A gagner mon pain sur l’dos des leurs

Mais ça m’tracasse et d’ailleurs

J’les beurre à contrecœur

 

J’suis un pauvre assoifeur

 

Et plus j’lâch’ les tournées quand j’suis chez moi

Et plus les copains s’amus’nt de moi

Y m’dis’nt:  » jeannot, j’remet la mienne

com’ ils ont soif qu’à cela ne tienne »

 

J’suis un pauvre assoifeur

 

J’ai beau m’dir’ que l’apéro est éternel

J’ai beau trouver ça tout naturel

Et jamais je ne parviens

A prendr’ chaque cuite comme ell’ vient

 

J’suis un pauvre assoifeur

 

Ni vu ni connu, brav’ verre adieu !

Si du fond du bar on voit l’Bon Dieu

Dis-lui le fric qu’elle m’a coûté

Cette sacrée dernière tournée

 

J’suis un pauvre assoifeur

 

 

(et merci à Monsieur de La Fontaine…)

 

 

Maître Jeannot dans son bar, adossé

Tenait en sa main un grand verre.

Maître Folasse, par l’odeur alléchée

Lui tint à peu près ce verbiage :

« Et ! Monsieur le sommelier,

Que votre verre est beau

Qu’il a l’air gouleyant !

Un grand crû de Bordeaux ?

Un vin de l’ancien temps ?

 

– Point du tout Pauvre Folasse

C’est un jus merveilleux,

Un grand vin de l’espace,

Un vin de copains autour d’une cochonnaille

Un Val de Loire bien frais, si simple et si fruité,

Un vin pour les amis… mais ceux qui font la maille

Les Copains d’abord ! Il est ainsi nommé

Et c’est pour ça, Maître Folasse

Qu’il ne faut pas le confondre avec votre vinasse ! »

 

A ces mots, ce pauvre notaire si véreux

Baisse la tête, fait la moue et ferme les yeux

Et comprend, mais un peu tard

Qu’il n’en jouira point, ce pauvre petit tocard.

 

 

 

 

Maître Folasse ayant bu tout l’été

Se trouva fort assoiffé quand novembre fut venu.

Pas une seule goutte de cabernet ni de sauvignon,

Pas plus de syrah à se mettre dans le gorgeon

Il alla crier à boire chez Jeannot son voisin

Lui priant de lui servir, pour s’assouvir, quelques vins.

 

« Je vais tout boire, lui dit-il, avant l’août, foi de notaire,

Les verres, les bouteilles, quitte à tomber à terre. »

Le Jeannot connaît son monde et rien qu’à voir sa tête…

Dommage pour ce notaire, cela va être sa fête :

 

« Que faisiez-vous aux temps chauds, dit-il à cet alcoolique ?

 

– Nuit et jour, à tout venant, je buvais

Des Bordeaux, des vins de l’Australie

Des Chiliens, des Argentins et d’autres d’Italie

J’ai goûté des Anjou, des Alsace et des Bandol

J’ai même bu du Buzet, bien que cela rende un peu fol

 

Mais aujourd’hui nous sommes Jeudi, le 3ème de Novembre

Et c’est du Beaujolais qu’il vous faut alors me vendre !

 

– Quoi ? Notre bon Gamay ? Notre Grand Beaujolais ?

Autant donner du bon lard à des mauvais cochons

Sortez, Maître Folasse ! Et jamais revenez !

Allez guérir votre soif avec des Vins Clapion !